La Clinique du Ter vous propose cette vidéo « RDV infos santé » sur le sujet de la dénutrition.

Anne-Sophie le Romancer, diététicienne nutritionniste, répond aux questions suivantes :

  • Qu'est-ce que la dénutrition ?
  • Quelles sont les causes de la dénutrition ?
  • Quelles sont les conséquences de la dénutrition ?
  • Comment diagnostiquer la dénutrition ?
  • Quelle est la prise en charge nutritionnelle de la dénutrition ?

Découvrez les éléments essentiels pour mieux comprendre cette pathologie qui touche plus de 2 millions de personnes en France, principalement les sujets âgés et les personnes malades.

Bonjour, je suis Anne-Sophie le Romancer, j'exerce à la Clinique du Ter en tant que diététicienne nutritionniste. Aujourd'hui, je vais vous parler d'une pathologie qui touche plus de 2 millions de personnes en France et qui est la dénutrition.

La dénutrition est une maladie qui peut toucher toutes les tranches d'âge et est

principalement diagnostiquée chez les sujets âgés et chez les personnes malades. La dénutrition s'explique par un déséquilibre entre les besoins de l'organisme et les apports nutritionnels via l'alimentation. Cette différence dans la balance énergétique a deux origines.
La première origine s'explique par une baisse des apports du patient parce qu'il ne s'alimente plus suffisamment. Il y a différents cas de figure qui sont amenés à expliquer

ce manque d'apports. Ça peut-être, par exemple, des troubles bucco-dentaires, des troubles de la déglutition, une augmentation de la dépendance chez les patients avec des difficultés à se faire à manger parce qu'il est fatigué, ou la nécessité d'avoir une aide extérieure pour aller faire ses courses. Ça peut également être dans le cas de régime restrictif, ça veut dire qu'on demande à un patient de s'alimenter sans sel, sans sucre, ou, en fin de compte, ça peut être aussi dans des situations comme, de la dépression, une personne qui est veuve depuis peu, ou alors un isolement social.

Toutes ces situations amènent le patient à ne plus vouloir se faire à manger pour lui tout seul. La deuxième origine de la modification de cette balance énergétique se traduit par des apports qui restent similaires à ses habitudes alimentaires, mais les besoins de l'organisme sont augmentés.

Ceci s'explique, par exemple, dans des cas de maladies infectieuses, des maladies inflammatoires chroniques, comme le cancer, ou dans des cas de chirurgie. Pourquoi ? Parce que dans des situations comme celles-ci, nous sommes en présence de ce qu'on appelle un hypercatabolisme, c'est-à-dire une destruction, une dégradation accrue des réserves nutritionnelles et en protéines de l'organisme.

La dénutrition peut avoir des conséquences importantes et être délétère pour le patient. Un patient qui est dénutri aura perdu du poids et va s'affaiblir. Un affaiblissement de l'organisme va conduire à une altération du système immunitaire avec un risque d'infection accru. Ensuite, une altération de la fonction musculaire, avec un risque de chute plus élevé. Puis une altération de l'état cutané du patient, avec l'apparition QUEL MOT? chez le sujet âgé ou des retards, des difficultés de cicatrisation chez les les patients qui viennent de subir une opération chirurgicale. Ce qu'il est essentiel de retenir, c'est qu'une dénutrition qui n'est pas diagnostiquée et prise en charge à temps, aura pour conséquence une altération de la qualité de vie du patient. S'il est hospitalisé, une durée de son temps de séjour, avec des complications chirurgicales, médicales, avec une moins bonne réponse au traitement pour le cancer par exemple.

Le diagnostic de la dénutrition repose sur la présence d'un des trois critères, que je vais vous préciser par la suite, qui ont été définis par la Haute Autorité de Santé (HAS). Le premier critère diagnostic de la dénutrition, c'est une perte de poids qu'on évalue en pourcentage de perte de poids. À titre d'indication, cela représente, chez un patient de 60 kg, la perte de 3kg sur le mois qui précède, ou jusqu'à 6kg sur les 6 derniers mois. En deuxième critère, défini par l'HAS, nous avons la notion d'IMC, Indice de Masse Corporelle, anormalement bas. Il s'agit d'un IMC inférieur à 22 chez une personne âgée, de 70 ans ou plus, ou d'un IMC à 18.5 chez l'adulte, jusqu'à 70 ans. Pour terminer, le dernier critère va être une évaluation des fonctions musculaires du patient, où l'on va rechercher une réduction de sa masse musculaire associée, ou non, à une diminution de la force musculaire. Pour ce faire, lors de mes consultations, j'utilise un matériel qui est un impédancemètre qui, à l'aide d'électrodes positionnés au niveau des bras et des jambes du patient, va me permettre de faire un état des lieux de la composition corporelle et donc, plus précisément, de sa masse musculaire. On cherchera également à quantifier la force musculaire à l'aide d'un dynamomètre, ce qu'on appelle la force de préhension.

Le patient exercera une pression le plus longtemps possible sur ce dynamomètre. Si le seuil est en dessous du critère qui a été défini par l'HAS, on pourra évoquer une altération de la fonction musculaire.

La prise en charge nutritionnelle de la dénutrition repose sur l'optimisation des apports nutritionnels caloriques et protidiques, donc les protéines chez la personne dénutrie, en y associant autant que possible une activité physique régulière selon bien évidemment les possibilités du patient. En première intention, on cherchera à enrichir l'aliment traditionnel du patient, c'est-à-dire augmenter la densité énergétique de ces repas en calories et en protéines via la consommation d'aliments classiques, comme par exemple rajouter dans ces plats de la poudre de lait, de la crème fraîche, des œufs, du fromage râpé. Pour les patients présentant une perte d'appétit, lors des consultations, je les invite à fractionner leur alimentation. C'est-à-dire que plutôt que de faire trois repas copieux le matin, le midi et le soir, ils feront des repas plus restreints, enrichis, entre lesquels il faudra intégrer deux à trois collations par jour. En deuxième intention, si cela n'est pas suffisant ou s'il est compliqué pour le patient de le mettre en œuvre, nous pouvons avoir recours à des compléments nutritionnels oraux. Ces compléments sont des produits hyper énergétiques, hyper caloriques, que l'on trouve en pharmacie et qui sont dispensés uniquement sur prescription médicale. Comme son nom l'indique, ces compléments ne doivent pas substituer un repas, mais doivent être consommés en dehors. C'est-à-dire 2h avant, 2h après, afin de ne pas couper l'appétit sur le repas suivant. Le moment le plus adapté au cours de la journée reste en soirée, au moment d'aller se coucher, ou en regardant la télé, pour casser l'effet délétère du jeûne nocturne et limiter la destruction des protéines qui a lieu essentiellement la nuit. Lors de dénutrition sévère, il faudra alors avoir recours à de la nutrition artificielle. Il existe deux types de nutrition artificielle. La première qui est une nutrition entérale, qui nécessite la pose d'une sonde nasogastrique, une sonde qui est passée par le nez et directement positionnée dans l'estomac du patient. Les poches de nutrition, qui ressemblent le plus souvent possible aux nutriments classiques que l'on trouve dans l'alimentation traditionnelle, seront administrées par une pompe. La deuxième nutrition artificielle possible, qui n'est pas à favorisée lorsque le tube digestif est fonctionnel, mais qui sera utilisé lorsque celui-ci sera déficient, est la nutrition parentérale, qu'on pourrait assimiler à de la nutrition par perfusion.

En conclusion, comme vous l'aurez compris, la dénutrition aggrave très rapidement l'état général des sujets âgés ou malades si elle n'est pas prise charge précocement. C'est pour cela qu'il faut être vigilant à toute perte de poids et/ou

baisse des apports alimentaires et n'hésitez pas à en parler à votre médecin traitant, ou à consulter un ou une diététicienne qui vous aidera à reprendre le poids perdu.