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La Clinique du Ter vous propose cette vidéo « RDV infos santé » sur le sujet de la chirurgie bariatrique.
Le Dr Olivier Fercocq, chirurgien viscéral et digestif répond aux questions suivantes :
Bonjour, je suis le docteur Olivier FERCOCQ, je suis chirurgien viscéral et digestif et je travaille à la Clinique du Ter depuis plus de dix ans et je m'occupe principalement de la chirurgie bariatrique, c'est à dire la chirurgie de l'obésité.
C'est une chirurgie qui s'adresse aux patients obèses puisque, par définition,c'est une chirurgie qui va avoir pour but de soigner l'obésité.
La définition des patients obèses est une décision médicale. Elle se fonde sur le calcul de l'Indice de Masse Corporelle (IMC) qui est un petit calcul que l'on fait entre le poids et la taille. Les patients dits obèses de manière pathologique sont des patients qui ont un indice de masse corporelle supérieur à 40, ou alors supérieur à 35, s'ils ont également des maladies associées qui accompagnent souvent l'obésité, telles que l'hypertension, le diabète, l'apnée du sommeil dont on va voir qu'ils rentrent également dans les critères d'indication.
Concernant les différentes chirurgies de l'obésité, il y a deux catégories d'opérations.
La première catégorie consiste essentiellement à réduire la taille de l'estomac. En diminuant le volume de l'estomac, on va diminuer la capacité alimentaire des patients et donc entraîner le fait de manger moins et donc de maigrir. Ça, c'est la première catégorie. La représentante principale de cette catégorie, c'est la sleeve gastrectomie, qui consiste à réduire l'estomac de manière verticale et à enlever une partie de l'estomac. La deuxième catégorie, ce sont les interventions dites malabsorptives, c'est à dire qu’elles vont se baser également sur une réduction de l'estomac, mais aussi sur une modification de l'anatomie digestive, notamment de la digestion. Ces interventions vont consister en une réduction de l'estomac, mais également un court circuit intestinal. On va raccourcir la longueur fonctionnelle de l'intestin, c'est à dire la longueur dans laquelle va cheminer le bol alimentaire. Par ce biais, on va entraîner une malabsorption modérée, notamment des graisses, qui va également entraîner un amaigrissement.
La première consultation avec le chirurgien se fait souvent spontanément, mais peut être également adressée par son médecin traitant, de plus en plus fréquemment.
Au cours de cette consultation avec le chirurgien, on va exposer au patient les différentes techniques possibles. On va également lui exposer s’il est un “bon candidat”, entre guillemets, ou non. C'est à dire, est ce qu'il peut être opéré, parce que ce sont des opérations qui ne s'adressent pas à tout le monde. Comme on l'a dit un petit peu plus tôt, ça s'adresse à des surpoids importants. Une fois le principe de l'opération acquis, il va se dérouler pendant environ six mois un bilan préopératoire, où le patient va consulter différents praticiens, dont le médecin nutritionniste, le psychologue obligatoirement. Il y aura également un suivi avec les diététiciennes ainsi qu’une partie technique dans le bilan avec une fibroscopie, un avis de cardiologie et un avis des différents spécialistes, dont l'anesthésiste, au bout du compte.
L'intervention se déroule sous anesthésie générale et on pratique une technique, qui est quand même connue maintenant, qui est la cœlioscopie, qui consiste à opérer dans l'abdomen les organes digestifs sans avoir besoin de faire ce qu'on appelait auparavant une laparotomie, c'est à dire une ouverture conséquente de l'abdomen, des grandes incisions. Aujourd'hui, on ne fait plus ça. L'intervention dure environ 1 h à 1 h30 suivant les cas, ensuite le patient est réveillé et il va passer entre 2h et 3h en salle de réveil qui est l'endroit où, entre guillemets, “l'atterrissage se fait”. Le patient va se réveiller, on va surveiller ses constantes vitales, on va s'assurer que tout va bien et qu'on peut ensuite le reconduire dans sa chambre en toute sécurité, en général dans l'après-midi, puisque ce sont des interventions qui se font souvent le matin.
Sur le long terme, il existe un certain nombre de complications qui, en général, ne sont pas des complications graves, mais qui peuvent quand même aboutir à un certain nombre de réinterventions. Il peut y avoir des ulcères à l'estomac qui se développent dans la préparation du by-pass, donc il faut surveiller, bien sûr. Il faut prendre parfois des médicaments contre l’ulcère. Le taux de réintervention à long terme, c'est à dire au delà de cinq ans sur le temps long, il se situe autour de 5 %, ce qui est quand même assez faible. Ça veut dire aussi que 95 % des gens, une fois opérés, ont un bon résultat et n'ont pas de complications, ce qui est donc un très bon résultat au final. Les bénéfices de l'intervention, c'est bien sûr une perte de poids importante et il faut savoir que c'est une opération qui marche bien. Globalement, on a une perte d'excès de poids qui représente 80 % de l'excès de poids, c'est à dire que les patients perdent 80 % de leur excès de poids et de manière durable. En général, ce n'est pas un an ou deux ans. Les résultats montrent que ça dure sur le temps long, c’est-à-dire au delà de cinq, dix ou quinze ans. On a aujourd'hui un recul, notamment pour le by-pass, de plus de 50 ans environ et pour la sleeve, aujourd'hui, on a un recul d'une vingtaine d'années. Donc les résultats sont plutôt favorables.
Une fois l'intervention faite , bien sûr, il y a la nécessité que les patients soient bien suivis pour les accompagner, parce que ce n'est quand même pas rien de perdre une cinquantaine de kilos. Il va donc falloir les suivre la première année et les revoir en consultation afin de surveiller que la perte de poids se fait bien, qu’elle se fait dans de bonnes conditions, sans trop de fatigue, sans complications et aussi que ne survienne pas une dénutrition. Et là, on aura à faire quelques prises de sang au cours de la première année de surveillance. À plus long terme, bien sûr, on va espacer la surveillance, une surveillance qui va s'alléger considérablement. Il faut savoir également que ce montage de chirurgie digestive modifie un peu les organes, comme on l'a vu et qu'il va donc falloir surveiller tous les cinq ans environ, par une fibroscopie, l'intérieur de l'estomac. Concernant l'alimentation des gens opérés, elle se fait normalement, bien qu'au début il y ait une sensation qui soit assez forte de restriction et qui puisse un peu gêner pendant quelques semaines, au point d'avoir à s'alimenter de manière un peu liquide et mixée au début, ce qui est indispensable. Après un certain temps, c'est à dire après environ 4 à 5 semaines, les gens mangent normalement. Ils mangent de tout mais ils mangent moins. C'est une question de volume. On retrouve une frugalité tout à fait intéressante. Les bols alimentaires sont de petits volumes mais on mange de tout.
En conclusion, c'est une chirurgie qui s'est beaucoup développée et qui obtient de très bons résultats. C'est une chirurgie assez lourde, c'est vrai, avec des risques opératoires qui ne sont pas négligeables mais qui finalement, en terme de fréquence de réalisation, sont faibles. Ça obtient de très bons résultats et ici, à la Clinique du Ter, l'activité se poursuit.